Monsieur Lucien

Monsieur Lucien,

Samedi dernier à Ste-Anne-des-Monts, nous assistions à la messe des funérailles de monsieur Lucien Fraser, un ancien de St-Octave-de-l’Avenir. Je ne prétends pas l’avoir très bien connu, mais lorsque je pense à St-Octave, c’est l’un des premiers visages que je revois dans mes souvenirs.

Enfants, nous étions habitués à voir ces hommes et ces femmes réunis le dimanche devant l’église, avant ou après la messe. Monsieur Lucien était le sixième des enfants et le troisième des fils de la grande famille de monsieur Aurèle Fraser père et de son épouse madame Angélina Paradis. Nous l’avons toujours appelé ” Monsieur Lucien “. Il faut dire que même si j’étais trop jeune à l’époque pour avoir avec lui des contacts ou des relations personnelles, nous ressentions chez-lui une sorte de prestance naturelle qui suscitait d’emblée le respect et la dignité.

Avec le temps, même si les souvenirs s’estompent, il nous reste des impressions, une image de ce qu’étaient ces hommes et ces femmes qui ont accompagné notre enfance.
Cette image ne tient pas qu’aux personnes elles-mêmes mais aussi à leur famille, leur entourage. A la fois leurs parents et leurs enfants. Leurs enfants à qui ils ont appris ce qu’il leur faudrait pour traverser les moments de joie comme les moments plus difficiles. Et on peut dire que Monsieur Lucien a vraiment aimé ses enfants; qu’il s’est efforcé de leur transmettre ce qu’il avait lui-même appris de plus précieux de la vie.

Alors, Jocelyne, Lucette, Normand, Murielle, Guy, Johanne, Claudel et Sylvine; vous vivez une grande peine aujourd’hui et cela est bien compréhensible. Mais la cause de votre tristesse vient aussi du grand bonheur que vous avez connu d’avoir un père comme lui, qui vous a donné son amour et a fait tout ce qu’il pouvait pour vous rendre forts et capable de suivre votre propre chemin. Vous pouvez marcher la tête haute, être fiers, témoigner et transmettre à votre tour ce qu’il vous a montré.

Lorsque j’ai chanté la chanson “J’vous oublierai pas de sitôt”, pour la première fois dans l’église de St-Octave en 1976, Monsieur Lucien, était là. Je vois encore son visage pendant que je nommais ces hommes et ces femmes qui avaient créé pour nous un pays, une communauté fraternelle qui nous lierait ensemble pour toute la vie.

Alors je vous le redis aujourd’hui : ” Monsieur Lucien. J’vous oublierai pas de sitôt ! ”

Daniel DeShaime / Mars 2016